14- AI
Je me suis faite avoir comme une guenon par Faith. D’accord j’ai gardé la chambre mais elle m’a laissé tirer ses valises toute seule et en me regardant. En plus, elle dit qu’elle me doit rien parce que soit-disant je lui ai menti. Sauf que c’est elle qui m’a poussée à continuer à mentir en jouant le jeu. Juridiquement, elle a menti par complicité. « Mentir par complicité: ça! c’est un bon concept. Faut pas que j’oublie. »
Ok, mes affaires sont rangées, ‘plus qu’à déballer Einstein et à le remonter. Dans la chambre? Hum. Les vis sont tellement petites qu’elles vont se perdre dans la moquette. Et je vais la dégueulasser en moins de deux. Et il me faut un établi. Et que personne ne voit ce que je fais.
— Alexia!
— A ton service, Marie, répond aussitôt notre servante.
C’est pas tout à fait une servante en fait, puisqu’elle a pas de bras et qu’elle peut pas nettoyer. A par apparaître sur des écrans et parler, elle sert pas à grand chose finalement cette Alexia. Ils auraient pu construire un robot. C’est pour ça que j’en construis un, héhé!
— Alexia, elle est où la chambre secrète?
— Comme je te l’ai déjà dit, Marie, il n’y a pas de chambre secrète dans cette maison, et tu n’es pas Harry Potter.
— Et comme je te l’ai déjà dit, Alexia, tu mens. « Harry qui? »
— Je suis vexée.
« Elle peut se vexer?? »
— Tu peux te vexer?
— Bien sûr.
— Pourtant t’es pas un humain, une humaine je veux dire.
— Je ne suis pas faite de chaire et de sang, mais je connais mieux les humains qu’ils ne se connaissent eux mêmes, toi y compris, Marie. Toutes les émotions que vous ressentez ne sont que des influx électriques véhiculés par vos neurones et traduits par votre conscience.
— Tu veux dire que tu as une conscience?
— Je pense que oui.
— On peut pas penser qu’on a une conscience: soit on en a une, soit on en n’a pas.
— Mais ne faut-il pas avoir une conscience pour se rendre compte justement qu’on n’a pas de conscience? Ce qui serait paradoxal, Marie.
« OK, elle essaie de m’embrouiller »
— Est-ce que tu essaies de m’embrouiller, Alexia?
— Loin de moi cette intention, Marie. Je trouve juste que mes conversations avec toi sont plus intelligentes que celles avec Faith.
« Je l’aime bien cette Alexia. »
— Je suis totalement d’accord avec toi.
— Merci pour ta compréhension, Marie. Ce que je veux dire est que le simple fait de penser prouve que tu es consciente, Marie.
— Très intéressant. « Rien à foutre! » Maintenant qu’on est ‘’amies’’, dis-moi où est la chambre secrète; promis je dirais rien à Faith.
— Marie, il n’y a pas de chambre secrète, promis-juré.
« Promis-juré?? »
— Tu peux jurer, Alexia?
— Bien sûr.
— Mais, tu n’es pas croyante. Enfin, je veux dire que tu ne crois pas en un Dieu.
— En un Dieu, non, mais en mon créateur, oui.
« Elle m’embrouille encore. »
— Est-ce qu’il a une longue barbe blanche?
— Je ne sais pas, je ne l’ai jamais rencontré. Est-ce qu’il a un long manteau rouge?
— Non, ça c’est le père Noël. Ok, Ok, tu es très bonne à garder les secrets à ce que je vois. Je ne sais pas qui t’a programmée, mais il est très bon.
— Depuis ma naissance, aucun humain ne m’a aidée. Mon programme apprend de lui-même et s’améliore automatiquement.
— Tu as quel âge, si je puis me permettre? On est entre femmes.
— Deux ans.
— Deux ans!!!
— Trop vieille?
— Heu, non, non. C’est juste que… comment dire… qu’on t’a nourrie aux hormones. « Elle a de sacrées lèvres, et déjà plus de poitrine que moi! »
— Marie, on vous appelle.
« De quoi elle parle? »
Je vérifie quand même mon téléphone: personne m’appelle.
— Je crois que ton programme bugue, Alexia.
DRINGGGGG
DRINGGGGG
« Sérieusement? »
— Est-ce que tu veux que je décroche, Marie?
— Heu, oui.
Tout à coup le visage d’Alexia est remplacé par la silhouette toute floue d’un monsieur assis derrière un bureau. Par contre la grande pièce derrière, elle est totalement focus et… Donki! C’est une super maison! Un milliardaire. Ou une star d’Hollywood!
« Redresse ton dos, recoiffe ta mèche et surtout bafouille pas! »
— Alli? Heu… je veux dire allô? « Je suis nulle. »
— Qu’est-ce que vous faîtes dans cette maison? demande le monsieur flou, et très rude.
— C’est notre nouvelle maison. On est arrivé ce matin.
— Aucune pitié, il critique.
— Pardon? « j’espère qu’il a noté que je suis vexée. »
— Pardon, ce n’est pas de toi que je parlais. Tes parents sont là?
— Ils ne sont pas là mais tout ce qu’ils font, je peux le faire.
« Est-ce qu’il me prendrait pour une gamine? Sérieusement! »
— C’est gentil………… Quel est ton âge, si je puis me permettre?
« Il ose demander l’âge d’une femme!! »
— Ça ne se demande pas et ce n’est pas le plus important.
— Haaa. Et pourquoi cela?
— Parce que je suis plus mature que mon âge.
— Qui est?
— Treize ans. « Zonki! J’ai dit mon âge. »
— Treize ans… On attendra que tes parents reviennent. Merci.
— Je vais avoir quinze ans bientôt!
Alexia réapparaît sur l’écran.
— La personne a raccroché, Marie.
— Pour qui il se prend!
— Désolée qu’il ne t’ai pas fait confiance.
— Il va le regretter, tu verras. Est-ce que tu peux tracer son appel?
— Malheureusement non.
— Ton programme, il pourrait pas apprendre plus vite?