Kamal Lahmadi

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9- Home

— WOUAW! s’extasia Marie lorsque sa nouvelle demeure pointa au bout de la majestueuse allée de galets arborée d’Aloe Vera dans laquelle Andrew venait de s’engouffrer.

— Bienvenus dans votre villa, s’enthousiasma Ramaj. Je l’ai choisie moi-même, il ajouta, fier comme un bouc.

— Elle appartient à qui? demanda Marie.

— Ça, je n’ai pas le droit de le dire. Les propriétaires ont demandé le droit à la discrétion.

— Ils sont où? pressa Marie.

Ramaj regarda Daryl, il appelait à l’aide.

— Ils ont plusieurs maisons, dit Daryl.

— Tout à fait! s’exclamaRamaj, soulagé.

Quelque soient les propriétaires, ils avaient bon goût. Leur demeure avait la grandeur et la splendeur d’une villa allié au charme et à la fraîcheur d’une maison de campagne, certes haut de gamme. Une multitude de plantes et jolies fleurs coloraient un jardin arboré, lui aussi, de magnifiques sols pleureurs, châtaigniers, palmiers et autres arbres importés de pays exotiques, et autorisés pour leur faible besoin en eau. 

Les murs épais de la villa étaient de vielles pierres taillées, certainement importées aussi. De grandes fenêtres aux châssis de bois blanc garantissaient beaucoup de lumière naturelle à l’intérieur de la maison, ce qu’il appréciait, même s’il savait qu’il en profiterait peu. 

A peine Andrew arrêté devant la grande porte d’entrée, Marie bondit à l’extérieur et se précipita à l’intérieur de sa nouvelle demeure.

Du hall d’accueil, une sensation de majestuosité envahit Daryl. Du hall, il pouvait voir à droite une immense cuisine et à gauche un immense living room, et devant un magnifique escalier en bois massif menant à l’étage supérieur. Les riches propriétaires de cette demeure étaient visiblement amoureux et respectueux de la nature: une grand partie des matériaux et des meubles était de récupération. Aucun objet de luxe ou ostentatoire à portée: parfait! Cela évitera toute distraction. Il y avait cependant ces écrans plats accrochés aux murs de chaque pièce qui rompaient avec le charme de la villa: il les enlèverait plus tard.

— Donki! s’écria Marie qui inspectait déjà le living room.

— Alors? demanda Ramaj, contenant mal son excitation.

— Ça ira pour l’instant, répondit Daryl, impassible.

— Ha! dit Ramaj. Suivez-moi! Je vais vous faire visiter.

Daryl nota la déception dans la voix. Zut! Il avait dû vexer Ramaj sans le faire exprès. Il s’avait que ce dernier s’était démené comme on forcené pour trouver un nouveau pied à terre, de standing, à l’abris des regards, sécurisé et dans un temps très limité. Ce n’était pas facile du tout, car il fallait attendre que le propriétaire meurt.

— Cela ne prendra que quelques minutes, rassura Ramaj.

— C’est très gentil Ramaj, mais nous savons à quoi ressemble une maison, dit Rachel en marchant vers la cuisine. La journée est chargée, elle rappela, puis ouvrir le réfrigérateur.

Daryl sourit. Rachel venait d’asséner le coup de poignard final à ce pauvre Ramaj et cela l’amusait. Cela l’amusait car personne d’autre au monde ne le connaissait mieux que sa femme. Communiquer sans parler, ils en ont fait un jeu. 

Cela commença quand Daryl se mit à draguer sur les bancs de l’université celle qu’il considéra dès le premier regard comme sa future femme et mère de ses enfants. Leur passion amoureuse et leurs insatiables ébats les fit rapidement passer maître en la matière, une maîtrise qui leur fut des plus utile lorsqu’ils devinrent parents et vitale lorsque leurs expertises professionnelles grandissantes les mirent dans le collimateur du gouvernement, et de l’armée.

— Marie! Faith! venez ici s’il vous plaît, appela Rachel en revenant de la cuisine, deux bouteilles d’eau dans les mains.

Marie revint du living room et Faith du jardin.

— Ecoutez les enfants—

— Je ne suis plus un enfant, coupa Marie.

— Je sais ma chérie, répondit Rachel, mi-désolée, mi-agacée. Votre papa et moi devons déjà vous quitter car nous avons beaucoup beaucoup de travail.

— Comme d’habitude, murmura Faith, sarcastique.

— On vous laisse découvrir la maison par vous-mêmes et vous nous raconterez tout ce soir, Ok? Le réfrigérateur est déjà plein, et que de bonne nourriture, elle insista en regardant Faith.

— A quelle heure revenez-vous? demanda Faith.

— 19h si tout va bien, répondit Daryl.

— 20h au plus tard, ajouta Rachel. Ça vous va? 

— Moi, ça me va, répondit Marie. Elle se tourna vers Faith: et toi?

— Comme ils veulent, Faith répondit, indifférente.

— Et vos bagages sont déjà dans vos chambres, intervint fièrement Ramaj. 

— Comment ça, dans nos chambres? Je peux pas choisir? se plaignit Marie.

— Tu n’as qu’à échanger avec Faith, lui répondit Rachel, mi-tendre, mi-agacée. Elle se tourna vers Faith: Ok, Faith?

— Comme si j’avais le choix, ironisa Faith.

— Merci.

— Très important! interrompit Daryl. Marie, Faith, surtout ne laissez entrer personne, ABSOLUMENT personne dans la maison. N’ouvrez la barrière à personne, COMPRIS?

— La villa est absolument sécurisée monsieur Martin, clama Ramaj. Les ingénieurs de Google l’ont transformée en forteresse absolue. D’ailleurs laissez moi vous présenter Alexia.

— Daryl, Rachel, Marie, Faith, soyez les bienvenus, répondit une voix sensuelle sortie de partout. Je suis Alexia, votre hôtesse virtuelle, et suis à votre entière disposition.

Sur tous les écrans télé, apparut le visage d’Alexia. La trentaine, jolie rousse à lunettes aux yeux verts et aux lèvres pulpeuses: le fantasme incarné de la secrétaire. 

— Bizarre, murmura Ramaj, en consultant son iPad. 

— Donki! s’exclama Marie, extatique.

— Bonjour Alexia, dit Daryl. Je veux que tu interdises l’ouverture de la barrière d’entrée à quiconque une fois que Rachel et moi seront sortis et que tu ne l’ouvres qu’à notre retour. Confirmer.

— Ordre confirmé, répondit Alexia.

— Résumé du système de  sécurité, s’il te plaît.

— Détecteurs infrarouge, de mouvement et de gaz toxiques dans toutes les pièces, caméras de surveillance cachées uniquement accessibles et contrôlables par les propriétaires du réseau, présentement vous, Daryl et Rachel Martin. Blindage des portes des chambres, lignes téléphoniques sécurisées, équipe de sécurité sur le site en moins de soixante secondes. 

— Tu as oublié la pièce secrète, fit remarquer Marie.

— Il n’y a pas de pièce secrète, Marie, répondit Alexia.

— Mon oeil! 

— Maintenant que les présentations sont faites, votre père et moi devons y aller. Pas de bêtises, avertit Rachel, en marchant vers la porte.

— Je te rejoins, dit Daryl. Puis à Benjamin: où est le centre de commande?

— Dans le bureau, au fond à droite du living room.

— Merci. Vous pouvez m’attendre dans la voiture.

Daryl traversa le living room et au fond à droite trouva le bureau. Il entra et ferma la porte. Sur le mur, un écran plat.

— Alexia?

— A votre écoute Daryl, répondit Alexia en même temps qu’elle apparaissait sur l’écran plat.

— Protocol LK50.

— Désolé Daryl, je ne vous comprends pas.

— Protocol LK50, confirmer.

— Désolé Daryl, que me demandez-vous?

Daryl ne répondit pas. Son regard se perdit dans le vide, puis après quelques secondes il quitta le bureau et retourna vers le hall, vers Faith.

— Faith, il commença…

Faith le regardait. Elle essayait de cacher son agacement mais sans trop le cacher, pour qu’il s’en aperçoive. Daryl comprenait  ce jeux d’adolescent; il l’avait suffisamment pratiqué et maintenant il avait deux enfants. Il comprenait Faith mieux qu’elle ne le pensait, mais leurs discussions avaient été rare ces dernières années. Il aurait voulu partager tant de choses avec sa fille aînée, une adolescente déjà! et tellement plus mature que son âge. Mais être devenu un homme aussi important et puissant que lui, avait apporté un Everest de contraintes qu’il n’aurait jamais pu imaginer seize ans auparavant. Et pour cette raison, jamais il n’en voudrait à Faith.

— Je t’écoute, lui rappela Faith, marquant plus ouvertement son agacement. 

Elle l’affrontait, il l’admirait. Elle le regardait, il la contemplait. Il s’approcha de sa fille; elle eu geste de recul. Il l’enlaça dans ses bras; elle garda ses bras ballant. Il lui embrassa le crâne tendrement, relâcha son emprise sans la regarder, marcha hâtivement vers la porte d’entrée, et sans se retourner dit:

— Fais attention à ta petite soeur.